Par Pierre Khalfa, coprésident de la Fondation Copernic, sur le « site politis.fr ».
«Le populisme fonctionne sur le mode du « eux et nous »……
L’expérience montre qu’il est plus facile de s’en prendre à un proche, l’immigré par exemple, que de viser un ennemi lointain et inaccessible comme la finance……
La confrontation du « nous » et du « eux » peut alors vite se perdre dans le complotisme et se transformer en rancœur haineuse…..
Or, le populisme se distingue d’autres processus politiques par un rapport direct entre une personnalité se voulant charismatique et le peuple ; plus exactement, le peuple s’incarne dans le meneur. À la question « qui ou quoi construit le peuple ? », la réponse populiste est : c’est le chef qui construit le peuple et incarne sa volonté. L’homme providentiel (historiquement, c’est le plus souvent un homme) fait exister le peuple comme entité politique à travers lui-même…….
L’existence d’un chef est ici la condition même de possibilité du politique : « La nécessité d’un meneur existe toujours », nous dit-il.
Le populisme, qu’il soit de droite ou de gauche, ne peut donc être qu’un autoritarisme, et on voit mal comment la valorisation et le mythe du leader pourraient s’accommoder d’une perspective émancipatrice. Dans cette conception, la démocratie prend une forme plébiscitaire où les citoyennes et les citoyens sont appelés plus ou moins régulièrement à approuver les décisions prises en haut….
À l’idée ambiguë de « construire le peuple », il faut opposer le projet d’une convergence stratégique entre les différents mouvements de contestation de l’ordre néolibéral et sécuritaire…..
C’est dans ce cadre qu’une organisation politique peut jouer un rôle par sa capacité d’initiatives et de propositions ».
https://www.politis.fr/articles/2017/09/sortir-de-limpasse-du-populisme-de-gauche-37650/