Tump, Orban, Salvini, Johnson, Le Pen sont donc les nouvelles figures tutélaires de la lutte des classes. Ou « Les luttes de classes en France au XXIe siècle » d’Emmanuel Todd !

Employant la même locution que Thomas Piketty pour le titre de son ouvrage « Le Capital au XXIe siècle » et celle de Karl Marx « Les Luttes de Classes en France »,  je voulais acheter le dernier livre d’Emmanuel Todd « Les luttes de classes en France au XXIe siècle » pour me faire une idée de son nouvel essai.

Outre la similitude d’intitulé, qui laisse un gout amer, j’avais gardé un souvenir plutôt complaisant du démographe français à la lecture de son ouvrage écrit avec Hervé Le Bras « L’invention de la France », Ed "nrf essaie Gallimard" en 2012.

Mais dans le magazine "L’Humanité Dimanche" du 23 janvier dernier, il accorde un entretien à Diégo Chauvet.

Sa lecture est très symptomatique d’une dérive sémantique et surtout idéologique des intellectuels dits de gauche aujourd’hui.

Au premier abord, E.Todd renoue partiellement avec Marx pour décrypter l’actualité. Je vous renvoie à la lecture de cet entretien pour les détails. Todd considère qu’un « bloc central qui a énormément grossi, d’une catégorie qui ne sait pas encore qu’elle existe que j’ai centrée sur les professions intermédiaires : les infirmières, les techniciens, et ce qu’il reste des agriculteurs, les artisans et les petits commerçants, les employés qualifiés… ».

Ni une ni deux, notre intellectuel, désigne cette « masse centrale atomisée d’un autre type qui occupe la moitié de l’espace social » comme « un groupe qui est au "milieu", entre les ouvriers et les cadres sup ». Le raccourci est vite fait « La morale de l’histoire : si on détruit la classe ouvrière, productrice de richesses et de valeurs, on détruit le niveau de vie des classes moyennes ».

Le tour de passe-passe théorique est affligeant. Et pour mieux justifier que « Les affrontements de classes sont en train de se généraliser », E. Todd considère que « La baisse du niveau de vie ramène les problématiques économiques au premier plan, et, avec elles, la lutte des classes. Les gilets jaunes, qui relèvent de ma catégorie  "prolétariat", ont exprimé des valeurs universelles de survie, et se sont attiré la sympathie des deux tiers de la société française ».

En un tour de manivelle, il définit la lutte des classes comme celle des pauvres contre les riches. Il confirme « L’ennemi de classe pour tous, c’est l’aristocratie stato-financière. Il n’y a plus de bourgeoisie industrielle en France », « la société civile a implosé, il n’existe pas de force aristocratique ou bourgeoise à l’extérieur de l’Etat ».

Le renversement est saisissant !

Les populistes de tout poil ne sauraient mieux dire, la lutte des classes du XXIe siècle est celle du  "peuple" contre les "élites".

Tump, Orban, Salvini, Johnson, Le Pen sont donc les nouvelles figures tutélaires de la lutte des classes !