Nous rêvons d’un autre monde. Un monde libéré des contraintes qui nous accablent. Un monde idéal qui nous assure la sécurité et le bonheur. Ce monde est-il impossible ? La recherche du bien commun, conciliant intérêt individuel et intérêt collectif pousse nombre d’entre nous à vouloir dégager les voies d’une perspective de transformation sociale. Tracer la route de cette recherche est le combat ancestral des humains depuis la nuit des temps. C’est la tâche essentielle de l’acte politique.
Mais nous devons y réfléchir en profondeur. Car le plus souvent nous ne croyons que ce qui nous arrange. Nous interprétons la réalité par le prisme de nos certitudes. Plus encore, nous nous rassemblons qu’avec nos « semblables ». Nous y cherchons l’assurance de notre conviction. Et nous avons tendance à suivre celui (ou celle) qui surfe sur cette vision d’un monde sans contraintes où tout serait simple et facile, où il suffirait de déclamer pour changer le réel. Nous marchons derrière le berger. Nous recherchons le protecteur.
Mais en démocratie, le berger n’existe pas. En fait il n’est, que par sa capacité à correspondre à notre croyance. Constituons un autre groupe et notre berger, s’il veut perpétuer son rôle, cherchera inlassablement la tête du nouveau cheptel. Car le guide, s’il veut poursuivre sa carrière, ne peut jamais défendre une cause impopulaire.
Rien de nouveau à l’affaire ! Les Grecques inventeurs de la démocratie percevaient le risque. Socrate nous enseigne que flatter le peuple ne revient pas à s’en rendre maitre et que le tribun doit lui plaire, se plier à ses désirs. En dernière instance c’est toujours la plèbe qui décide par choix exprimé en assemblée.
Alors, faisons attention, prendre ses rêves pour la réalité ne permet jamais de les atteindre. Il y faut l’effort de la raison. Confondre le ressenti et l’analyse, l’apparence et la réalité c’est sombrer dans la voie sans issue du mysticisme.
« Le peuple a toujours ainsi fabriqué lui-même les mensonges, pour y ajouter ensuite une foi stupide ». La Boétie, « Discours de la servitude volontaire », Page35, Ed Mille et une nuits1995.